Revendications de la FAE pour la session d’examens d’été 2021

Suite à sa dernière assemblée des délégué-e-s, la FAE a fait une liste de revendications pour la session d’examens d’été 2021 :

  1. En cas de présentation à un examen et de non-réussite de celui-ci, ne pas comptabiliser l’échec pour la suite du cursus

La session d’examen qui arrive se déroulera après une année marquée par les pertes, que ce soit la perte d’un emploi, d’un proche ou encore la perte de motivation, d’un cercle social de soutien mais aussi la perte de repère et de certitudes. Bien plus, l’accentuation des inégalités suite à la crise nous pousse à prendre en compte la précarité chez les étudiant-e-s et son effet sur le parcours universitaire. La durée de la crise sanitaire pèse sur la santé mentale et continue de péjorer la situation de nombre d’étudiant-e-s. Nous revendiquons donc le droit pour les étudiant-e-s de ne pas comptabiliser l’échec à un examen.

Un diplôme valorisé par la résilience étudiante

Nous sommes conscient-e-s que la Direction nous affirme qu’une telle mesure impliquera une dévalorisation du diplôme académique pour les étudiant-e-s qui en auront bénéficié. Mais nous considérons que notre demande ne dévalue en rien la valeur du diplôme pour les raisons suivantes. Tout d’abord, la valeur du diplôme ne dépend pas du nombre de passage à un examen, mais de l’acquisition de connaissances sur les matières enseignées et de la capacité à la critiquer et à développer des aptitudes basées sur ces connaissances.

Or, il se trouve que de nombreux-ses étudiant-e-s n’ont pas eu accès à un environnement qui leur a permis d’avoir les chances d’apprendre la matière enseignée. Notre sondage a montré que près d’un quart des étudiant-e-s ne considère pas avoir eu accès à un lieu de révision adéquat pour la préparation de la session précédente et près de 30% estiment ne pas avoir eu le matériel nécessaire pour réviser.

En outre, la capacité d’adaptation des étudiant-e-s d’aujourd’hui à un contexte de crise qui touche tous les domaines de leur vie, ne peut être qu’une plus-value pour leur diplôme et un atout pour les futurs employeur-e-s qui les engagerons dans les années à venir. En effet, les étudiant-e-s qui sortiront des volées dites COVID auront non seulement appris à s’adapter en temps de crise, mais aussi à continuer leur cursus malgré les multiples contraintes externes qui leur auront été imposées.

Les prérequis n’ont pas changé alors que, simultanément, la condition estudiantine dans son ensemble s’est vue renversée. Acquérir les compétences nécessaires est devenu plus laborieux face à la difficulté accrue par les conditions externes aux parcours académiques. Le maintien de la difficulté des études a évité la dévalorisation du titre octroyé. Toutefois, ce maintien couplé à des obstacles extérieurs, qui se sont multipliés et qui ont fortement affecté la santé mentale ont produit une situation d’apprentissage extraordinaire.

Les conditions de ce semestre d’études

Ensuite, bien que la Direction juge que l’amélioration significative des enseignements entre le semestre de printemps 2020 et les conditions actuelles justifie de ne pas reconduire cette mesure, il n’en reste pas moins que le passage aux cours en ligne ne peut pallier les liens sociaux essentiels à l’apprentissage et à la difficulté de concentration lors d’un enseignement vidéo en comparaison à l’environnement universitaire. Nous sommes d’avis que malgré les efforts de nombreux-ses professeur-e-s, efforts que nous saluons, certain-e-s étudiant-e-s se sont néanmoins retrouvé-e-s avec des conditions d’apprentissage préjudiciables. Certains cours n’ont été que peu adaptés au format en ligne et certain-e-s étudiant-e-s sont laissé-e-s sur le côté de ce fait. Si l’enseignement du printemps 2020 a été adapté dans l’urgence, la surprise de la longueur de ces modalités apporte son lot de difficultés pour les étudiant-e-s comme nous l’avons mentionné.

Permettre la non-comptabilisation des échecs aidera les étudiant-e-s qui se sentent prêt-e-s à abandonner à cause de leur situation personnelle à reprendre leurs études correctement.

Les étudiant-e-s d’aujourd’hui oubliés

La Direction craint qu’une telle mesure ne prétérite les étudiant-e-s futur-e-s qui se retrouveront d’une part face à des étudiant-e-s qui auront pu voir la matière plusieurs foi et d’autre part qui seront dans des volées plus larges et donc auront une moins grande chance d’être promu à l’année suivante. Cette perspective de long terme de l’institution ne prend pas en compte la situation à court terme des étudiant-e-s actuel-e-s. L’augmentation des étudiant-e-s dans les volées peut être anticipée et l’institution peut entamer une réflexion pour prévoir les aménagements nécessaires. Les étudiant-e-s actuel-e-s ont le sentiment d’être une génération sacrifiée à bien des égards. Ce n’est pas à ces étudiant-e-s de payer pour les problèmes structurels liés à la crise.

Un élément de l’argumentaire de l’UNIL est que la non-comptabilisation des échecs est une décision prise de concert avec les autres universités romandes. Du côté des étudiant-e-s, il y a consensus que la situation est problématique et que les défis qui pèsent sur leurs épaules demandent une réaction de soutien de la part des corps décisionnels universitaires. Le communiqué de presse de l’Union des Etudiant-e-s Suisses (UNES) montre bien que les préoccupations de la FAE sont partagées par l’ensemble des étudiant-e-s suisses.

Une stabilité du taux de réussite questionnable

Finalement, la Direction invoque un taux de réussite similaire aux sessions précédentes. Mais ces chiffres ne prennent pas en compte les biais qui se cachent derrière cette stabilité. Nous avons pour mandat de promouvoir l’égalité des chances pour l’ensemble du corps estudiantin et nous questionnons les inégalités que ces chiffres ne révèlent pas. Si la réussite n’est le fait que d’étudiant-e-s qui ont les meilleures ressources matérielle et psychiques, nous nous devons de remettre en question ces taux de réussite.

 

  1. Annoncer clairement des modalités fixes (en ligne, ou en présence) à la fin avril

En cette période où l’élément le plus difficile à gérer pour tout un chacun est l’incertitude, l’annonce de modalités d’examens en présence ou à distance enlèvera un stress aux étudiant-e-s. Étudier pour un examen en présence ou pour une évaluation en ligne ne représente pas les mêmes méthodes de révision. Le climat délétère actuel demande que les professeur-e-s assurent que le type d’examen ne changera pas une fois l’annonce faite en avril. La Direction a signifié son accord avec cette revendication.  Mais la FAE estime que la Direction doit fermement s’assurer que les facultés respectent cette date. En effet, le semestre précédent, la Direction avait aussi souhaité que les facultés annoncent les modalités assez tôt pour les étudiant-e-s, mais cela n’a pas empêché qu’un nombre conséquent d’étudiant-e-s reçoive ses modalités bien après le délai fixé.

 

  1. Permettre la désinscription des examens jusqu’au 10 mai (soit une semaine après avoir reçu les modalités) et ce, sans que cela ne pénalise la durée maximale des études.

Les étudiant-e-s se trouvent dans une situation de stress et de mal-être depuis maintenant des mois. Ils ont besoin de pouvoir évaluer leur capacité à passer des examens. Cette crise pèse plus que jamais sur les personnes les plus précaires et sur les personnes les plus impactées psychologiquement. Notre sondage a montré que près de 50% de la population étudiante estimait leur était psychologique très mauvais ou mauvais. Personne ne pouvait imaginer que cette crise serait si longue et si éprouvante autant psychologiquement que financièrement. Nous estimons que l’institution devrait se repositionner en prenant en compte les événements inattendus qui sont susceptibles d’affecter chacun-e pendant la durée du semestre.

Il faut aujourd’hui donner aux étudiant-e-s une capacité d’action qui leur permette de reprendre un peu le contrôle sur leurs parcours universitaires semés d’embûches qui auront été pour certain-e-s insurmontables. Les étudiant-e-s interrogé-e-s sont 63% à estimer que les conditions spéciales du semestre dernier devraient être reconduites.

Nous jugeons que refuser la désinscription aux examens risque de mettre des personnes capables et volontaires hors du cursus académique et privera la société de futur-e-s diplômé-e-s compétent-e-s.

 

  1. Ne pas compter comme une absence injustifiée la non-participation à l’examen pour des raisons liées à la crise (par ex. mobilisation, quarantaine, symptômes ou personne à risque) et ce, sans que cela ne pénalise la durée maximale des études.

En raison de la crise, plusieurs personnes ne pourront pas se présenter aux examens. Et ce pour des raisons qu’ils ne peuvent maîtriser (mobilisation, quarantaine, isolement, etc.). Il est important que ces personnes puissent avoir des alternatives pour passer leurs examens. Ainsi ils et elles éviterons d’être pénalisé-e-s dans leur cursus.

 

  1. Prolongation des délais d’études légaux d’une année.

Les effets de la crise font qu’il a été difficile pour beaucoup d’étudiant-e-s de travailler au rythme prévu avant mars 2020. La recherche est au ralenti et il est important de laisser la possibilité aux étudiant-e-s de pouvoir modifier leur cursus. De plus les cours en ligne sont souvent plus difficiles à suivre que les cours en présence. Plusieurs ont décider d’alléger leur semestre pour se donner plus de temps pour bien réussir plutôt que de risquer un échec à cause de la charge de travail qui a actuellement changé. Nous rejoignons l’UNES qui a fait un communiqué de presse sur le sujet.

 

  1. Ne pas reporter la session d’examens de printemps 2021 que ce soit pour les étudiant-e-s réguliers ou les préalables

Nous voulons éviter que les facultés ne prévoient pas d’alternative viable ce qui obligerait un report des examens. Cela rallongerait les études et continuerait à mettre les étudiant-e-s dans une incertitude quant à leur futur. De surcroît, cela leur donne, l’impression d’être passif-ve-s vis-à-vis de leur avenir.

 

  1. Repenser les modalités des examens en ligne afin de ne pas péjorer les chances de réussite et les communiquer par écrit au plus tard le 21 mai 2021 (soit trois semaines après l’annonce des modalités).

Le but d’un examen est de vérifier les connaissances de l’étudiant-e sur le sujet et non pour éviter la triche. Bien que les conditions d’examen aient changé, certaines modalités ne font que de rajouter une anxiété considérable. Et ce, sans avoir de réelle efficacité dans la vérification des connaissances.  Ainsi, empêcher le retour en arrière dans les QCM ou mettre un examen plus court pour le même nombre de questions amène une anxiété considérable. De plus cela semble cibler davantage la réponse subjective à une modalité spécifique plutôt que la matière du cours et ne sert pas à vérifier les connaissances mais uniquement la résistance au stress.

Certes la tricherie est une préoccupation mais certaines modalités ne sont pas fonctionnelles pour le bon déroulement de l’examen. Les modalités d’évaluation devraient être conçues dans ce sens. Nous estimons que ce changement d’organisation lors de cette deuxième session d’examens à distance est faisable. Dans le cas où une adaptation adéquate en ligne ne sera pas possible, il nous semble essentiel que les mesures soient prises pour que les examens aient lieu en présence.